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BD – La Tragédie brune

BD – La Tragédie brune
« Si tu nommes le diable, il arrive en courant » (proverbe allemand)

Les éditions des Arènes ressuscitent Xavier de Hautecloque dans cet élégant album de BD porté par le trait clair de Christophe Gaultier, adaptation par Thomas Cadène de l’ouvrage éponyme paru en 1934.

 

Issu d’une vieille famille aristocratique, cousin germain du futur maréchal Leclerc, germanophone, un peu aventurier et probablement aussi un peu agent de renseignement, le personnage est singulier. Journaliste à l’hebdomadaire pamphlétaire Gringoire, Xavier de Hautecloque effectue plusieurs reportages en Allemagne, notamment à la veille de l’accession d’Hitler à la chancellerie et des élections de mars 1933 qui donnent plus de 43 % des voix au NSDAP. En octobre 1933, son rédacteur en chef lui demande de couvrir les nouvelles élections qui doivent avoir lieu en novembre.

 

Pugnace, de Hautecloque observe, investigue, dissèque les discours et traque la vérité derrière les silences et les non-dits. Décrivant la chape de plomb qui s’abat sur l’Allemagne en quelques mois, le reporter dénonce avec clairvoyance la menace que représente Hitler et pressent la guerre à venir. Il dresse un tableau effarant d’un pays où les opposants disparaissent subitement sans que personne ne fasse mine de le remarquer, où ceux qui ne sont pas avec les nazis sont des traîtres, où les mendiants et prostituées sont envoyés manu militari travailler à la campagne, où les détenus des premiers camps de concentration votent en majorité pour les nazis de peur d’encourir davantage de brimades, etc.

 

Portrait glaçant d’une société qui plonge dans les ténèbres, cette adaptation de La Tragédie brune permet de mieux comprendre la montée foudroyante du nazisme. Elle éclaire l’étude des totalitarismes en classe de 3e ou de 1re en montrant combien certains, en France, ont su percevoir la nature méphistophélique du nazisme. Parfois au prix de leur vie puisque Xavier de Hautecloque, décidément trop lucide, fut empoisonné par les services secrets nazis en 1935, peu de temps après la parution de son livre.
 

Informations
  • Thomas Cadène (texte) et Christophe Gaultier (dessin)
  • Les Arènes
  • 2018
  • 130 p., 20 €
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Livre – Les Mythes de la Seconde Guerre mondiale

Livre – Les Mythes de la Seconde Guerre mondiale
Blitzkrieg sur les mythes

Les événements ou les figures de la Seconde Guerre mondiale sont connus. Pourtant Les Mythes de la Seconde Guerre mondiale, dirigé par Jean Lopez et Olivier Wieviorka, tout juste sorti en édition de poche, parvient à apporter un parfum de nouveauté. Tels des fact checkers ou autres décodeurs, une vingtaine d’historiens s’emparent d’une idée répandue sur le conflit et la contrecarrent, la corrigent ou la nuancent, chiffres et auteurs spécialistes à l’appui.

 

Selon son degré de connaissance du conflit, le lecteur découvrira que Churchill était loin de disposer du soutien unanime des Britanniques au début de la guerre ; que l’absurdité stratégique des kamikazes était surtout une stratégie de communication pour maintenir la cohésion sociale d’une société au bord de la rupture ; que l’existence de « féodalités » et d’un clientélisme effréné au sein du régime nazi, notamment dans le domaine économique, ont rendu bien difficile la mobilisation centralisée de l’industrie allemande ou encore que c’est plutôt la conquête foudroyante de la Mandchourie par l’Armée rouge que les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki qui conduisent le Japon à capituler.

 

Place des femmes dans la guerre, réévaluation de figures militaires ou politiques célèbres, impact réel d’une stratégie ou d’une campagne : 23 questions sont passées en revues par les auteurs. Cette entreprise de déconstruction des « mythes », parfois forgés par les vainqueurs ou les vaincus eux-mêmes, permettra de renouveler l’enseignement de la Seconde Guerre mondiale en classe de 3e et de 1re notamment.
 

Informations
  • Jean Lopez et Olivier Wieviorka (dir.)
  • Éditions Perrin, coll. Tempus
  • 2018
  • 446 p., 10 €
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Livre - L’Europe des femmes XVIIIe-XXIe siècle

Livre - L’Europe des femmes XVIIIe-XXIe siècle
Un Européen sur deux est une femme

Depuis quelques décennies, les études historiques se sont intéressées au rôle et à la place des femmes dans l’histoire, ce dont les programmes scolaires se font l’écho (classes de 4e, de 3et de 1re notamment).

 

La parution de L’Europe des femmes, coordonnée par Julie Le Gac et Fabrice Virgili, offre un outil formidable en présentant un riche corpus de documents célèbres ou totalement inattendus afin d’étudier l’histoire des femmes en Europe. Classé par entrées thématiques (devenir femme, la guerre, la politique, le corps des femmes, l’art, l’éducation etc.), cet ensemble de près de 80 textes ou iconographies est commenté par des chercheurs et universitaires. Petite originalité, les textes sont proposés dans leur langue originale et en français !

 

Si les figures de Simone de Beauvoir, Olympe de Gouges, Anne Frank, Florence Nightingale ou Alexandra Kollontaï nous sont familières, d’autres, telle cette député-paysanne turque ou Fifi Brindacier, sont plus étonnantes. Du XVIIIe siècle à nos jours, la suffragette britannique, la militante républicaine espagnole, la tireuse d’élite soviétique, la députée italienne, la paysanne grecque ou l’ouvrière allemande tout comme la petite robe noire de Coco Chanel ou le mannequin anatomique d’accouchement de madame du Coudray précisent la géographie d’un continent souvent mal connu, l’Europe des femmes.
 

Informations
  • Julie Le Gac et Fabrice Virgili (coord.)
  • Éditions Perrin
  • 2017
  • 352 p., 23,5 €

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