L'Europe en 1923
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- Auteur
- Noël Meunier – Cartothèque Hatier
Monument national
Sous la direction de Patrick Boucheron, 122 historiens brossent en 146 dates, parfois assez inattendues (le mariage d’Henri Ier avec Anne de Kiev en 1051, la traduction des Mille et Une Nuits par Galland en 1712, la révolte kanak en 1917, le lancement du parfum Channel n°5 par Coco Channel en 1921) et résultant d’un choix éclectique, une nouvelle histoire de France.
Dépassant les limites de notre « hexagone », l’ouvrage propose une analyse décalée d’événements familiers, insiste sur les interactions ou les influences extérieures, et offre une vision renouvelée et plurielle de l’histoire de France.
Si l’on oublie les polémiques entre tenants de l’histoire mondiale et partisans d’une histoire plus classique ou traditionnelle, cet épais manuel constitue une lecture passionnante qui ne pourra qu’attiser la curiosité des enseignants ou des amateurs d’histoire.
Informations
- Patrick Boucheron (dir.)
- Éditions du Seuil
- 2017
- 800 p., 29 €
Le 9e Art au pays des Soviets
Centenaire de la révolution russe oblige, l’actualité des publications consacrées à la question est chargée. On notera cette initiative associant le documentariste Patrick Rotman et le dessinateur Benoît Blary, qui livrent un documentaire en BD reconstituant minutieusement les événements révolutionnaires, puis ceux du fatidique mois d’octobre 1917, qui vit la révolution bolchevique balayer la révolution de février.
Lénine et Trotski bien sûr, Staline, Kerenski, mais aussi John Reed, Maïakovski ou Alexandra Kollontaï apparaissent sous le dessin sage et élégant de Benoît Blary. Au-delà des personnalités connues, le destin de quelques figures anonymes, marins ou ouvriers, permet de donner corps à l’histoire.
Claire et didactique, agrémentée de plans et de cartes, cette bande dessinée permet de saisir précisément la chronologie de cette révolution qui allait changer non seulement la Russie, mais aussi la face du monde.
Informations
- Benoît Blary et Patrick Rotman
- Éditions du Seuil/Delcourt
- 2017
- 112 p., 17,95 €
Bal tragique au Kremlin – 1 mort
Depuis Le Dictateur de Charlie Chaplin, on sait que la satire est l’une des meilleures armes pour dénoncer les dictatures, aussi sanglantes soient-elles. Le film du réalisateur britannique Armando Iannucci, qui brosse un tableau mordant de la lutte pour la succession de Joseph Staline, en offre un imparable exemple.
Passé le premier instant de surprise en voyant des acteurs anglo-américains incarner les proches du « petit père des peuples » tout en s’exprimant avec un accent shakespearien, le spectateur appréciera cette caricature à charge du totalitarisme stalinien. Si les situations peuvent paraître hénaurmes, elles s’appuient pourtant sur la réalité historique d’un système ubuesque servi par des personnages caricaturés ici en bouffons meurtriers. Beria, Khrouchtchev, Malenkov, Molotov, Joukov, Kaganovitch se livrent à un jeu de massacre à la fois grotesque et effroyable pour se maintenir au pouvoir, dévoilant ainsi les rouages du système stalinien criminel jusqu’à l’absurde. On laisse mourir le dictateur de peur d’encourir ses foudres en prenant la responsabilité de le soigner, les bourreaux sont exécutés à leur tour, les dirigeants oublient qui est mort et qui ne l’est pas (encore) en un ballet de situations toutes plus aberrantes les unes que les autres.
Si ce film n’est pas à proprement parler un film historique, cette caricature saignante constitue néanmoins un efficace et pédagogique exposé du fonctionnement du totalitarisme stalinien.
Informations
- Réalisateur : Armando Iannucci
- Titre original : The Death of Stalin
- 107 minutes
- 2017