Le ravissement de Sarah B.
À l’occasion du centenaire de la disparition de Sarah Bernhardt (1844-1923), le Petit-Palais consacre une très belle exposition à ce « monstre sacré », selon la formule de Cocteau. À la fois chronologique et thématique, elle retrace par une élégante scénographie le parcours de la célèbre actrice, mais aussi sculptrice, peintre et femme engagée.
D’abord demi-mondaine, protégée du duc de Morny, la jeune femme embrasse la carrière d’actrice et connaît un immense succès dès la fin du Second Empire. La bouillonnante « Mademoiselle Révolte » s’entoure d’un cercle d’artiste avant de se lancer à son tour dans la peinture et surtout la sculpture. Bientôt son hôtel particulier devient un étonnant et foisonnant décor dans lequel la Divine se met en scène. L’exposition s’attarde sur les grands rôles de l’actrice, donnant notamment à voir ses costumes de scène, mais aussi les célèbres affiches de Mucha, des caricatures, des cartes postales, des publicités qui contribuent à sa notoriété. Engagée, Sarah Bernhardt se range aux côtés de Zola après la parution de « J’accuse ». Durant la Première Guerre mondiale, elle participe à l’effort de guerre en se produisant pour le Théâtre aux Armées et en jouant des pièces patriotiques. À l’affût des innovations, elle joue pour le cinématographe dès 1900, puis, en 1903, elle fait enregistrer sa « Voix d’Or » par Thomas Edison.
Superstar avant l’heure, femme libre, à la fois emblématique de la Belle Époque et en avance sur son temps, la figure originale de Sarah Bernhardt pourra être évoquée en classe de 4e pour traiter des conditions féminines dans une société en mutation.
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- Petit-Palais, musée des Beaux-Arts de la ville de Paris
- 14 avril-27 août 2023
Requiem æternam dona eis
1559-1610 : la séquence qui débute par la mort accidentelle d’Henri II lors d’une joute et se clôt par l’assassinat d’Henri IV constitue une page dramatique de l’histoire de France. Pendant près de 40 ans, souverains, prélats, chefs de guerre, Grands du royaume négocient, intriguent ou s’affrontent. Deux régicides, huit guerres de religion et un nombre effroyable de massacres plus tard, l’État royal sort, paradoxalement, affermi de cette épreuve.
Non sans une certaine audace, le musée de l’Armée consacre une très belle exposition à ces heures sombres. Rassemblant tapisseries qui se lisent comme autant de bandes dessinées, superbes armures, toiles provenant de divers musées, ouvrages imprimés ou gravures, l’institution fait entrer le visiteur dans cette époque de bruit et de fureur. Malgré une indéniable gravité, cette manifestation constitue une splendide illustration pour permettre aux enseignants de traiter le cours Humanisme, Renaissance et réformes religieuses en 2de, voire celui sur les réformes et les conflits religieux en classe de 5e.
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- Musée de l’Armée, Paris
- 5 avril-30 juillet 2023
Big Chief
Le musée du Quai Branly est coutumier des expositions aussi étonnantes que dépaysantes. Celle consacrée aux Black Indians de La Nouvelle-Orléans ne déroge pas à la règle. À première vue, les parades colorées des Africains-Américains de la métropole louisianaise peuvent sembler un peu éloignées des programmes scolaires d’histoire. Pourtant l’exposition remonte le temps et croise, en cela, le chapitre du programme d’histoire de 4e consacré au négoce international et aux traites négrières au XVIIIe siècle. Les premières salles du parcours présentent en effet l’implantation française en Louisiane, et en particulier l’exploration du Mississippi par le Rouennais Cavelier de La Salle puis la fondation de La Nouvelle-Orléans en 1718.
La suite de l’exposition évoque la mise en place d’une société esclavagiste avec la déportation de près de 60 000 Africains vers la Louisiane, qui traversent la terrible épreuve du « passage du milieu » depuis les comptoirs africains jusqu’au golfe du Mexique. Fers, entraves, registres détaillés de navires négriers ou même un exemplaire du Code noir sont autant de témoignages glaçants de la dureté de la condition d’esclave. Au cours du XVIIIe siècle, La Nouvelle-Orléans est marquée par la constitution d’une société créole, dans laquelle se mêlent les influences européennes, africaines et amérindiennes. La vente de la Louisiane aux jeunes États-Unis, en 1803, ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire de Big Easy, la fascinante métropole du Sud, berceau du jazz et « ville du Mardi Gras ».
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- Musée du quai Branly-Jacques Chirac
- 4 octobre 2022-15 janvier 2023
L’appel du large
Un quart de siècle après leur création, les rendez-vous de l’Histoire de Blois fêtent leur 25e édition en prenant le large autour du thème de la mer. Après des confinements en série, cette bouffée d’air iodé est particulièrement salutaire. Objet de fascination ou de craintes, espace d’échanges ou de conflits, la mer appelle instantanément un flot d’images puissantes. Pendant cinq jours, corsaires, vikings, galériens, marchands vénitiens, explorateurs, océanographes, sous-mariniers, pêcheurs d’Islande ou amiraux de la Royale navigueront dans Blois au gré des multiples conférences. Les professeurs ne manqueront pas d’y trouver matière pour nourrir leurs cours sur la Méditerranée en classe de 5e, sur le négoce international au XVIIIe et sur le monde maritimisé en 4e ou encore sur les mers en tant que nouvel espace de conquête en spécialité HGGSP en Tle. Il ne reste plus qu’à lever l’ancre pour Blois en ce début octobre.
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Médiévalissime
Oyez, oyez ! Gentes damoiselles, nobles jouvenceaux ou doctes mestres. Le musée de Cluny rouvre ses huis après de longs mois de travaux. Totalement rénové, doté d’une extension moderne, le musée national du Moyen Âge a fait cure de jouvence. Finie l’entrée discrète par la cour de l’hôtel des abbés de Cluny, le visiteur pénètre désormais par un bâtiment d’accueil moderne recouvert de fonte d’aluminium quasiment enchâssé dans les thermes de Lutèce. Entièrement revue, la présentation des collections est désormais chronologique, de la période gallo-romaine – thermes de Cluny oblige – aux début du XVIe siècle. Sur deux niveaux se déploient toutes les splendeurs de l’art médiéval : textiles byzantins, bijoux wisigoths, statues de Notre-Dame, reliquaires finement ouvragés, délicates statuettes d’ivoire, somptueux retables, austères Christ ou saints de bois, sans oublier les six splendides tapisseries de la Dame à la licorne. Les collections font voyager le visiteur des possessions des comtes de Provence à l’abbaye belge de Stavelot en passant par les cathédrales gothiques d’Île-de-France ou les cités italiennes.
D’une richesse éblouissante, profanes ou religieuses, parfois surprenantes, les œuvres conservées au musée de Cluny offrent un magnifique aperçu de la société médiévale, permettant d’illustrer les cours de 5e ou de 2de. Hardi, enfourchez vos destriers et courez sans délai céans cette nouvelle Jérusalem muséale !
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- Musée de Cluny, Paris
- depuis le 12 mai 2022
Opération Citadelle
Après de longs mois de restauration, le Palais des Beaux-Arts de Lille présente de nouveau dans ses sous-sols un véritable trésor historique : les plans-reliefs d’une quinzaine de villes du Nord de la France, de Belgique ou des Pays-Bas. 400 m2 de maquettes incroyablement détaillées qui offrent une spectaculaire vision des villes du Nord à l’époque moderne.
Réalisés pour la plupart aux XVIIe et XVIIIe siècles, ces plans-reliefs sont d'abord des objets de prestige destinés à matérialiser le pouvoir royal. Exposés à la Cour, ils témoignent de la domination exercée par le souverain sur des villes parfois fraîchement conquises.
Mais ce sont aussi des objets stratégiques puisqu’ils servent à étudier les fortifications des villes pour les défendre, les prendre ou les reprendre selon les aléas de la guerre. D’ailleurs, leur taille était déterminée par la portée des canons, ce qui explique les nombreuses tables montrant la campagne environnante. Ces reliefs constituent de véritables reconnaissances aériennes du XVIIe siècle, en somme…
Enfin, ce sont de magnifiques objets esthétiques dans la contemplation desquels le visiteur pourra s’abîmer en étudiant le bâti des villes du Nord au XVIIe-XVIIIe siècle ou l’extraordinaire dessin des fortifications du génialissime Vauban. Pas une brique, pas une tuile, pas un pavé, pas un bastion, pas une courtine ne manque à la fidèle reproduction des lieux. Ces merveilles réalisées en bois, en papier, en fil de soie, peintes et ornées de sable pour les rendre plus réalistes, sont magnifiées par la restauration. Arbres et champs ont en effet retrouvé leur vert prairie, l’eau des canaux semble plus limpide tandis que les murs des villes ont recouvré leur teinte rouge brique si caractéristique.
Star de la présentation, le plan-relief de Lille, rescapé des vicissitudes de l’histoire, puisqu’il fut « capturé » par les Prussiens en 1815 et emmené à Berlin pour y être exposé à l’arsenal. Sévèrement abîmé lors de la Seconde Guerre mondiale, le cœur de la ville est cependant rapatrié en 1948, amputé des tables figurant les campagnes avoisinantes, qui ne survécurent pas aux bombes alliées et aux obus soviétiques. Grâce à des écrans tactiles, le visiteur peut zoomer sur 70 points d’intérêt pour les observer en détail, de la Grand’Place à l’Hospice Comtesse en passant par… la maison de l’ingénieur responsable du plan-relief.
La visite des plans-reliefs de la « ceinture de fer » conservés à Lille constitue une superbe illustration du règne de Louis XIV dans les programmes de collège ou du chapitre des nouveaux programmes de 2de sur l’affirmation de l’État dans le royaume de France.
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- Palais des Beaux-Arts, Lille
- Depuis le 16 mars 2019
Rouge profond
Le Grand Palais consacre une formidable exposition à la création artistique dans la Russie soviétique, de la déflagration révolutionnaire au stalinisme triomphant des années 1940-1950.
En 1917, artistes, cinéastes ou écrivains, enthousiastes et bientôt encouragés par le nouveau pouvoir, s’engagent en faveur de la cause révolutionnaire. Leur but : développer un art nouveau à destination des masses qui corresponde à la nouvelle société qu’appelle de ses vœux le projet communiste. L’art quitte les cimaises des collectionneurs pour descendre dans la rue, et même dans les gares de campagne, comme l’illustrent ces impressionnants films, croquis ou photos de trains décorés par les brigades de l’agit-prop, censés porter la bonne parole bolchevique aux quatre coins du pays.
Mais bientôt, et malgré une créativité débridée, les artistes d’avant-garde sont moins encouragés, voire critiqués, au profit d’un art davantage réaliste et figuratif, plus aisément compréhensible par lesdites masses, souvent illettrées.
Cependant, dans les Vkhoutemas (les Ateliers supérieurs d’art et de technique), de jeunes artistes bâtissent des ponts entre l’enseignement artistique et l’usine. En témoignent ces surprenants imprimés textiles à motifs de tracteurs, d'aéroplanes ou de navires de la flotte. En architecture, de nouveaux types d’espaces collectifs sont pensés, destinés à former un homme nouveau, tel ce projet de « maison commune » destinée à loger 2 000 ouvriers.
Dans le domaine des arts imprimés, les graphistes, illustrateurs et affichistes excellent, notamment avec les recherches typographiques et les photomontages de Klucis ou Rodtchenko, qui définissent une véritable identité visuelle soviétique aussi aisément identifiable que celle des futuristes italiens ou du pop art américain.
Le visiteur ne boudera pas son plaisir en déambulant dans la reconstitution du club ouvrier du pavillon soviétique de l’Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925, conçu par Rodtchenko, et pourra même se caler dans les austères fauteuils de la salle de lecture, un peu inconfortables il est vrai…
Au tournant des années 1930, la mainmise de Staline sur le pouvoir soviétique se fait de plus en plus lourde. Les groupes et mouvements artistiques sont mis au pas, des unions professionnelles encadrent les artistes. En 1934, Jdanov définit le réalisme socialiste et enjoint aux artistes de représenter désormais « la réalité dans son développement révolutionnaire ». Le principe du modèle héroïque destiné à édifier les masses est défini. Jeunes parachutistes, ouvriers enthousiastes, pionniers souriants ou accortes culturistes sont abondamment représentés, tandis que d’imposants buildings soviétiques viennent orner Moscou, nouvelle capitale mondiale du socialisme. Les productions artistiques se parent d’un kitsch grandiloquent qui n’est cependant pas sans charme.
L’exposition ne fait pas l’impasse sur la Grande Terreur stalinienne qui n’épargne pas les artistes (le peintre et graphiste Klucis ou le dramaturge Meyerhold sont arrêtés et exécutés). L’exemplaire d’un ouvrage consacré à la Première Armée de cavalerie est à ce titre très éclairant. Assurant la conception graphique de l’ouvrage, Rodtchenko a biffé au feutre noir sur son exemplaire personnel les portraits et visages des officiers victimes des purges au fur et à mesure que les « traîtres » et autres « ennemis du peuple » étaient fusillés.
La visite s’achève sur les monumentales « peintures d’histoire » à la gloire de Lénine et surtout du « petit père des peuples ». Fascinante plongée dans la Russie soviétique de 1917 à 1953, cette exposition illustrera avec profit le cours de collège ou de lycée sur les expériences totalitaires.
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- Grand Palais, Paris
- 20 mars-1er juillet 2019
Japan exploit
Le musée Guimet fête l’année du patrimoine japonais « Japonismes 2018 » en présentant une magnifique exposition sur le Japon de l’ère Meiji. C’est l’occasion de découvrir les trésors artistiques d’une époque qui voit le Japon se moderniser à marche forcée et atteindre en quelques décennies le statut de puissance militaire, économique et bientôt coloniale.
L’ère Meiji, ou « politique de la lumière », s’ouvre en 1868, avec l’avènement de l’empereur Mutsuhito. Le jeune souverain – ainsi que ceux qui l’entourent et le soutiennent – est déterminé à moderniser le Japon. Le pays a en effet été contraint par la force à s’ouvrir à l’Occident à partir de 1853. L’irruption des puissances occidentales, pratiquant la politique de la canonnière pour forcer le Japon à signer des accords commerciaux, fait prendre conscience au pays de son retard, notamment militaire. Restaurant le pouvoir impérial, le souverain abolit le shogunat, modernise l’armée ainsi que le système politique et éducatif sur le modèle occidental.
La première partie de l’exposition illustre cet immense effort de transformation. Des photographies soulignent les bouleversements des villes japonaises qui se couvrent de tramways, d’ouvrages d’art métalliques ou de bâtiments nouveaux de briques et de béton. D’étonnantes estampes décrivant la guerre sino-japonaise (1894-1895) traduisent la modernisation militaire en montrant soldats et officiers vêtus d’uniformes à l’occidentale, dotés de matériels modernes, affrontant des Chinois habillés et équipés comme au XVIIIe siècle.
La suite de l’exposition, présente les réalisations artistiques qui accompagnent cette période. Elles soulignent combien le Japon s’insère rapidement dans les rapports commerciaux et culturels entre puissances européennes et américaines, participant notamment aux expositions universelles et aux foires internationales. Ainsi la vénérable compagnie Takashimaya, maison produisant des kimonos, se lance dans la production de textiles ornementaux. Dopée par les commandes de la maison impériale, elle ouvre des succursales à Paris et Londres dès 1903.
La dernière partie de l’exposition, enfin, évoque les rapports artistiques entre Orient et Occident. À la mode du japonisme dans l’art occidental répond une mode japonisante au Japon lui-même, visant à produire des œuvres « à la japonaise » en s’inspirant des techniques occidentales. D’amusantes vitrines sans cartels présentent des objets réalisés au Japon ou en Occident, le visiteur étant invité à deviner leur provenance.
Splendide et passionnante, cette exposition permettra de questionner la place de l’Europe dans le monde au XIXe siècle, en montrant que de nouvelles puissances apparaissent en parallèle.
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- Musée national des arts asiatiques - Guimet, Paris
- 17 octobre 2018-14 janvier 2019
La Grande Guerre, épilogue
Avec un sens aigu du paradoxe, le musée de l’Armée célèbre le centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918 par une exposition qui rappelle que, si les combats de la Première Guerre mondiale ont bien cessé sur le front ouest, la guerre s’est poursuivie en plusieurs points à l’est de l’Europe.
Organisée en cinq « moments », cette passionnante exposition évoque d’abord la dissolution des quatre grands empires européens : russe, allemand, austro-hongrois et ottoman. À cet égard, le montage d’archives cinématographiques qui ouvre l’exposition est assez éclairant : les scènes de liesse qui éclatent à Londres ou Paris à l’annonce de l’armistice contrastent avec les mornes cortèges de soldats du kaiser regagnant l’Allemagne sous les yeux effarés de la population.
Une deuxième partie est consacrée à la fabrique des traités. Riches de photographies, de films, de cartes ou de documents officiels elle souligne la complexité de parvenir à la paix alors que tant de revendications nationales, le plus souvent contradictoires, s’expriment. Le visiteur éberlué ne manquera pas de remarquer la présence du Liberia à la conférence de la paix de Versailles.
Les trois parties suivantes de l’exposition s’attachent à présenter les multiples conflits révolutionnaires, contre-révolutionnaires, nationaux ou de frontières qui éclatent dans les marches de l’Est (de la Finlande à l’Ukraine), en Europe médiane sur les ruines de l’Empire austro-hongrois et au Levant, auxquels les Alliés, et notamment la France, participent le plus souvent. Affiches, photographies, pièces d’équipement militaire font revivre ces guerres, parfois un peu oubliées. Au fil des clichés et des films, le visiteur croisera les figures de personnages emblématiques du XXe siècle de Trotski à Mussolini ou Mustafa Kemal, non sans oublier de Gaulle, alors capitaine, dont la silhouette aisément reconnaissable, engoncé dans une capote à col de fourrure, figure sur une photo de la mission militaire française auprès de la jeune armée polonaise. On s’amusera de la présence de multiples casques Adrian, protection emblématique des poilus français, dont la décoration avant est remplacée par les emblèmes nationaux grec, tchécoslovaque, serbe, roumain, etc. selon les nombreuses armées auxquelles cet équipement fut fourni. Au-delà de l’anecdote, ce détail témoigne du prestige et de l’influence acquis par l’armée française au lendemain de sa victoire à l’ouest, devenue l’armée la plus puissante et la plus moderne au monde.
L’exposition s’attache enfin au sort des civils qui payèrent le prix fort dans cette succession de conflits : victimes arméniennes du génocide, Grecs ou Turcs chassés d’Europe ou d’Asie Mineure, populations déplacées par centaines de milliers au gré des recompositions de frontières, victimes de la Terreur blanche ou rouge…
Cette exposition captivante permet d’évoquer le premier conflit mondial en classe de 3e et au lycée en élargissant sa chronologie, mais aussi son champ à l’est de l’Europe et au Proche-Orient. Elle permet enfin de mieux comprendre pourquoi l’Europe bascule dans un nouveau conflit à peine vingt ans plus tard.
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- Musée de l’Armée, Paris
- 5 octobre 2018-20 janvier 2019
Pharaonique !
1869 : le canal de Suez est inauguré avec faste par le khédive Ismaïl Pacha en présence du Gotha européen. Le titanesque projet de Ferdinand de Lesseps concrétise par un ouvrage d’art moderne une voie de communication envisagée dès l’Antiquité par les pharaons ou les souverains perses (suivant un tracé différent cependant), puis au XVIe siècle par les Vénitiens.
C’est cette réalisation cyclopéenne, à l’image des pyramides de Gizeh, que retrace l’exposition de l’Institut du monde arabe en présentant maquettes de l’ouvrage, sculptures, tableaux et photos des acteurs ou du chantier, extraits de films ou de discours. L’exposition insiste évidemment sur le travail herculéen réalisé par les milliers d’ouvriers égyptiens qui creusèrent à la pioche l’isthme de Suez, parfois au prix de leur vie.
Projet universel, le canal est alors propriété de capitaux français et égyptiens avant que la Grande-Bretagne ne s’y intéresse et acquière les parts de l’Égypte. Dès lors le canal de Suez devient un enjeu stratégique et cristallise le sentiment national égyptien. La nationalisation du canal par Nasser en 1956, illustré par le fameux discours du raïs qui résonne dans l’une des salles de l’exposition, marque le début d’une ère nouvelle pour l’Égypte.
Nœud stratégique de la géopolitique et du commerce mondial, le canal doit s’adapter à l’explosion du transport maritime et à l’augmentation du tonnage. C’est l’objectif des travaux de modernisation et d’élargissement entrepris par l’Égypte pour s’adapter aux défis du XXIe siècle.
Déroulant plusieurs siècles d’histoire, l’exposition de l’IMA offre une illustration parfaite pour aborder la question des rapports de l’Europe avec le monde au XIXe siècle en classe de 4e ou celle du Proche et du Moyen-Orient comme foyer de conflits en classe de Tle. Des pans entiers de l’exposition pourront aussi enrichir un cours de géographie consacré aux dynamiques de la mondialisation.
Informations
- Institut du monde arabe, Paris
- 28 mars-5 août 2018
- Musée d’histoire de Marseille
- Rentrée 2018